Récit et Chanson gothique du Roi de Thulé - Hector Berlioz
Que l'air est étouffant !
J'ai peur comme une enfant !
C'est mon rêve d'hier qui ma toute troublée.
En songe je l'ai vu... lui, mon futur amant.
Qu'il était beau ! Dieu ! j'étais tant aimée
Et combien je l'aimais !
Nous verrons-nous jamais
Dans cette vie ? ... Folie... !
Autrefois un roi de Thulé
Qui jusqu'au tombeau fut fidèle,
Reçut à la mort de sa belle,
Une coupe d'or ciselé.
Comme elle ne le quittait guère,
Dans les festins joyeux,
Toujours une larme légère
A sa vue humectait ses yeux.
Ce prince, à la fin de sa vie,
Lègue ses villes et son or,
Excepté la coupe chérie
Qu'à la main il conserve encore.
Il fait à la table royale,
Asseoir ses barons et ses pairs,
Au milieu de l'antique salle
D'un château que baignaient les mers.
Le buveur se lève et s'avance
Auprès d'un vieux balcon doré,
Il boit, et soudain sa main lance
Dans les flots le vase sacré.
Le vase tombe ; l'eau bouillonne,
Puis se calme aussitôt après.
Le vieillard pâlit et frissonne ;
Il ne boira plus désormais.
Autrefois un roi de Thulé...
Jusqu'au tombeau...
Fut fidèle... Ah !
Hector Berlioz's text