Fleur jetée (Fauré, Silvestre)
Emporte ma folie au gré du vent, Fleur en chantant cueillie Et jetée en rêvant Emporte ma folie au gré du vent.
Comme la fleur fauchée, périt l'amour La main qui t'a touchée fuit ma main sans retour, Que le vent qui te sèche, ô pauvre fleur, Tout à l'heure si fraîche Et demain sans couleur, Que le vent qui te sèche, ô pauvre fleur, Que le vent qui te sèche, sèche mon coeur.
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Autobiographie (1890 )
Paris est mon pays, mon berceau c'est Toulouse ! Je souhaite qu'un jour l'une et l'autre jalousent L'honneur d'avoir pour fils le grimaud que je suis. Ce point de ma naissance éclairci, je poursuis. Mon âge ? Je pourrais - la chose est trop certaine - Plutôt que mes cheveux friser la cinquantaine ; Mais ne comptant des ans passés que les printemps, Près des dames surtout je me donne vingt ans Et je fais de mon mieux pour en paraître digne. Comme poète, j'ai la malchance indigne D'être fort, bien portant et mollement pansu. Mes parents m'auraient fait autre s'ils avaient su Qu'on ne croit pas aux vers des personnes replètes, Et m'auraient épargné deux déveines complètes En ne me faisant pas un nez ressemblant plus Au piton d'un futaie qu'au nez de Romulus. - Mais réveillant une âme encore d'obscure argile Sur mes bancs d'écolier j'eu pour maître Virgile Le second fut Banville et c'est leur voix encore Qui chante à mon oreille avec les rythmes d'or ! - Mes parents me voulaient magistrat ou notaire Pour les mettre d'accord je me fis militaire Mais l'Amour fit tomber le glaive de mes mains ! Sur les pas vagabonds j'ai suivi les chemins Où fleurit en tout temps la rose de Bohème Un chanson d'amour fut mon premier poème Mes derniers vers seront une chanson d'amour. - Cependant pour gagner le pain de chaque jour Des vieux conteurs gaulois j'ai suivi les modèles Mais je restai toujours à la muse fidèle, Et je déguerpirai de ce monde pervers N'ayant que deux regrets : les femmes et les vers.
Armand Silvestre |
Flower thrown away (Armand Silvestre / Gabriel Fauré)
Take away my folly, plaything of the wind, Flower picked while singing And thrown away, dreaming, Take away my folly, plaything of the wind.
Like the flower mowed down, love perishes, The hand which touched you flees my hand without return, May the wind which dries you, oh poor flower, Just now so fresh And tomorrow colourless, May the wind which dries you, oh poor flower, May the wind which dries you, dry my heart. |
Weggeworfene Blume (Armand Silvestre / Gabriel Fauré)
Nimm meine Torheit mit im Spiel des Winds, Blume, singend gepflückt Und träumend weggeworfen, Nimm meine Torheit mit im Spiel des Winds.
Wie die gemähte Blume verdirbt die Liebe, Die Hand, die dich berührte, flieht meine Hand ohne Rückkehr, Möge der Wind, der dich trocknet, oh arme Blume, Vor kurzem noch so frisch Und morgen farblos, Möge der Wind, der dich trocknet, oh arme Blume, Möge der Wind, der dich trocknet, mein Herz trocknen. |